« Appréhender la diversité des élèves au cycle 4 » : premier volet d’un parcours de formation


Ce premier stage de 3 jours animé par Sophie Chevallier-Guiraud, Morgane Le Saux et Séverine Vivier, professeures d’anglais et formatrices académiques, est conçu pour les enseignants souhaitant mieux comprendre les diversités au sein de leurs classes et désireux de mettre en place des expérimentations permettant à chaque élève de progresser.

Présentation de la formation : première année d’un parcours

Ce stage de 3 jours constitue le premier volet d’un parcours de formation qui porte sur la construction de réponses pédagogiques et didactiques adaptées à la diversité des publics, tant en termes de conception que de mise en œuvre.

Dans la logique d’une formation sur le temps long, ce parcours est pensé sur deux années. Le premier stage qui a été proposé cette année s’intitule « appréhender la diversité des élèves au cycle 4 ». Lors des deux premières journées en mars dernier, les participants ont pu exprimer leurs questionnements et échanger sur leurs pratiques. Ils ont aussi pu bénéficier d’apports théoriques mais aussi de témoignages d’enseignants formateurs sur des thèmes variés :
 la définition de la diversité
 l’évaluation par compétences et le Socle Commun (les activités langagière, la compétence culturelle)
 la question de la différenciation pédagogique
 la construction de l’autonomie
 le travail de groupe
 la compétence de médiation
 l’espace classe
 le travail hors la classe
 travailler avec un public spécifique et/ou avec des difficultés persistantes
 difficultés de lecture en langue maternelle et apprentissage d’une langue étrangère
 accueillir et accompagner des élèves allophones dans leurs apprentissages
 accueillir et accompagner des élèves experts (issus d’écoles bilingues, de sections internationales, élèves anglophones…)

Toutes les pistes de réflexion, les exemples de pratiques et d’expérimentations et les outils présentés ont permis à chaque stagiaire de construire une expérimentation en fonction de la ou des diversités dans ses classes et de la mettre en œuvre entre la deuxième et la troisième journée qui s’est déroulée mi-juin. Lors de cette dernière journée extrêmement riche, chaque enseignant a pu présenter et analyser ses expérimentations. Voici quelques thématiques choisies par les stagiaires :
 l’espace « classe » / la classe semi-flexible
 le plan de travail
 la trace écrite / la trace orale
 un logiciel scripteur/lecteur financé dans le cadre de « Notre école, faisons-le ensemble »
 la lecture / le lien graphie-phonie
 les rituels de début d’heure
 le travail en groupe de manière générale
 les activités en puzzle
 la prise en charge d’un élève allophone jamais scolarisé

Témoignage d’une enseignante

Francine Thony, professeure d’anglais au collège Lottin de Laval à Orbec, a participé aux trois journées de formation et a accepté de partager son expérience.

Pourquoi vous êtes-vous inscrite à cette formation ?
Je me suis inscrite à cette formation parce que j’ai toujours travaillé avec un public très hétérogène dans des établissements dont le niveau moyen des élèves était assez fragile et dont le milieu social était plutôt défavorisé. Donc, je souhaitais avoir une meilleure compréhension de leurs difficultés ou de leurs points forts afin de mieux les évaluer, de leur proposer des contenus plus adaptés et de développer leur ambition. Le format sur trois journées m’a aussi attiré parce que j’aimais l’idée d’avoir un suivi sur plusieurs mois.

Qu’avez-vous pensé de la forme du stage ?
J’ai beaucoup apprécié la forme du stage. Je pense qu’il est très utile de pouvoir explorer le contenu pratique et théorique sur plusieurs jours afin d’avoir assez de temps sur chaque journée pour échanger sur les sujets proposés sans avoir peur de perdre du temps. La troisième journée de présentation était très utile aussi parce qu’elle donnait un but précis à nos expérimentations : souvent, après une journée de formation, on veut tester de nouvelles choses puis on se laisse porter par le quotidien professionnel et on oublie, ou bien on n’a personne avec qui échanger sur les résultats de ces tests et c’est frustrant. Or, avec ce format, la perspective d’en reparler avec les collègues est un élément très motivant. De plus, étant nouvelle arrivante dans l’académie, ce stage m’a permis de rencontrer beaucoup de nouveaux collègues et d’apprendre à les connaître davantage grâce aux trois journées. Je pense d’ailleurs que je continuerai d’échanger avec certain.es d’entre eux.elles.

Lors des deux premières journées, avez-vous pu partager vos pratiques et contribuer aux échanges ?
Oui, je pense qu’il y avait suffisamment de temps pendant les deux premières journées pour s’exprimer et faire des comparaisons de nos expériences. Pour ma part, j’ai expliqué aux autres participants que ma classe est disposée en îlots et qu’au centre de chacun, j’ai posé une bannette avec plusieurs outils :
 Un dictionnaire bilingue
 Quelques petits livres à consulter pour les "early-finishers"
 Un dépliant avec quelques outils langagiers pour le Classroom English
 Leurs fiches de participation (je donne des points aux élèves lors de leurs interventions à l’oral en fonction de la qualité de ce qu’ils ont dit et je mesure surtout l’effort que cela a représenté pour l’élève : une phrase simple pourra valoir deux points pour un élève qui rencontre des difficultés d’expression alors qu’elle n’en rapportera qu’un seul pour quelqu’un qui s’exprime déjà avec aisance / il y a aussi des points pour le "group effort" = cette fiche donne lieu à l’évaluation des compétences "participation, efforts réalisés" et "travailler en équipe")
 Un Tétra’aide : j’ai modifié l’utilisation du bleu pour cet outil : chez moi, il signifie "le groupe a fini". Cela encourage les élèves de l’îlot qui ont fini à aider celui/celle qui a pris un peu de retard et cela me permet en un coup d’oeil de vérifier que tout le monde est prêt à passer à la suite (je l’utilise pour les travaux de groupe mais aussi pour vérifier que tout le monde a collé sa feuille ou terminé de noter la leçon)
 Des cartes "Oops" : lorsqu’un élève fait une erreur à l’oral, les autres peuvent lever leur carte Oops afin de corriger ce qui vient d’être dit. Le but est d’encourager une écoute active et participative ainsi que l’intercorrection et la médiation. Cela me permet aussi de donner la priorité dans la prise de parole à l’élève qui souhaite corriger ou améliorer ce qui vient d’être dit par rapport à celui/celle qui lève la main pour ajouter une phrase différente.
 Des cartes "Blah" : lors d’un travail de groupe, l’îlot dispose d’un certain nombre de carte "Blah" posées sur la table. Si le groupe est trop bruyant ou bien bavarde, alors je retire une carte plutôt que de leur faire une remarque. Si le groupe n’a plus de cartes, alors chacun repart à sa place ou bien est séparé momentanément puis j’adapte l’activité pour qu’elle passe à l’écrit (ou sur un mode plus calme)
 Des cartes " ???" : un peu sur le même principe, les élèves "perdent" une carte à chaque fois que le groupe m’appelle pour une question (sauf si c’est une question concernant la consigne). Cela encourage les élèves à réfléchir à des synonymes ou des paraphrases et à s’entraider au sein du groupe ou même en se tournant vers d’autres groupes avant de m’appeler.

Quels sont les domaines abordés qui vous ont particulièrement intéressée ?
J’ai été particulièrement intéressée par les contenus suivants :
 l’objectif culturel (même si je n’ai pas tout de suite bien compris le rapport avec la thématique du stage)
 les travaux de groupe (classe puzzle, rôles attribués au sein du groupe)
 la réflexion sur les élèves experts ou très à l’aise avec la langue
 l’espace classe

Qu’avez-vous souhaité expérimenter et pourquoi ? Pouvez-vous expliquer vos expérimentations et votre bilan ?
J’ai souhaité travailler sur l’espace classe. L’organisation des tables et de l’espace dans ma classe a toujours été un sujet important pour moi mais ça l’est d’autant plus depuis que j’ai changé d’établissement car ma salle est plus petite et elle a une forme inhabituelle ; je dispose aussi d’une petite réserve dans le fond. J’ai trouvé, l’année dernière, une organisation en îlots qui me convient très bien mais je suis maintenant en recherche d’un espace plus dynamique. Depuis l’arrivée du logiciel AirServer dans notre établissement, je n’ai plus autant besoin de mon ordinateur puisque je me déplace avec mon iPad dans la salle.
Suite à la deuxième journée de formation, j’ai donc déplacé mon bureau dans le fond de la salle, en ne gardant qu’une petite table sur le devant de la salle pour mon ordinateur et les enceintes (que je ne peux déplacer à cause des branchements). J’ai aussi avancé les premières tables plus près du tableau et donc, j’ai pu rapprocher un peu les tables du fond, libérant ainsi un plus grand espace en fond de salle, dans lequel j’ai mis un pouf. Les élèves utilisent volontiers cet espace lors du quart d’heure lecture (en se plaçant sous le bureau, comme sous une cabane, ou bien dans le pouf ou tout simplement, par terre).

Avant :

Après :

Ce stage vous a-t-il donné envie de continuer à expérimenter ?
Oui, ce stage me donne vraiment envie de continuer d’expérimenter. Notre établissement fait partie d’un projet sur l’innovation dans la forme scolaire et va être doté d’un budget pour changer les équipements. Je souhaiterais donc explorer les différentes possibilités que m’offrent ma salle et mon mobilier actuels afin d’envisager par la suite l’achat de mobilier « classe flexible ».
Je souhaite aussi évoluer dans les travaux de groupes que je donne aux élèves afin de minimiser l’utilisation du français et favoriser l’interdépendance de leurs compétences et connaissances.

Cette formation a-t-elle répondu à vos attentes ? Pensez-vous vous inscrire à la suite du parcours en 2024-2025 ( « Diversité des élèves au cycle 4 : innover ») ?
Cette formation a parfaitement répondu à mes attentes. Pour être honnête, je craignais qu’il s’agisse d’une formation sur la différentiation pédagogique avec quelques pistes pour proposer un contenu identique aux élèves en adaptant son exploitation selon les niveaux. Et j’ai préféré, de loin, le contenu qui nous a effectivement été présenté.
Je souhaiterais participer à la suite du parcours en 2024-2025 afin de ne pas perdre l’élan donné par le stage de cette année.

Conclusion

Il sera possible de poursuivre la réflexion et le travail en 2024-2025 avec le second volet de la formation qui s’intitulera « Diversité des élèves au cycle 4 : innover ». Ce dernier sera ouvert à tout enseignant, qu’il ait ou non suivi la première partie du parcours.
Le premier volet sera également reconduit cette année : vous pourrez vous inscrire via un lien qui vous sera envoyé par mail par Mme Christine Besuelle ou Mme Estelle Bucquet, IA-IPR d’Anglais.

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