Préparer une tâche orale en dialoguant avec un outil conversationnel


Cet article a été écrit dans le cadre du PCDN (Pôle de Compétences Disciplinaires Numériques) qui a réfléchi cette année aux usages de l’IA en cours d’anglais. Hanne Poisson, professeure d’anglais au Lycée Galilée à Franqueville-Saint-Pierre et membre du PCDN partage son expérimentation et son analyse.
Pour plus d’informations concernant le contexte des expérimentations menées, vous pouvez consulter l’article intitulé « Les expérimentations du pôle disciplinaire de compétences numériques (2024-2025) : comment favoriser le développement des compétences grâce à l’IA ? »

Pourquoi avez-vous choisi d’expérimenter un outil conversationnel en classe ?

Il y a une multitude d’outils utilisant les intelligences artificielles. Je souhaitais tester le chatbot de Mizou pour voir si cela pouvait apporter une aide aux élèves dans leur préparation d’une tâche orale. L’expérimentation s’est faite dans deux classes différentes sous forme d’une conversation écrite avec la possibilité d’écouter le personnage créé sur Mizou. Les séances ont eu lieu dans deux salles informatiques contiguës avec un ordinateur par élève.

En seconde euro, dans une séquence intitulée “The U.S. Coastline”, les élèves ont découvert des aspects culturels et historiques de plusieurs états situés sur la côte est et ouest des États-Unis. L’objectif était de de préparer une saynète entre un voyagiste et un ou deux voyageurs. Ainsi, les élèves ont dialogué avec un voyagiste créé à l’aide de prompts sur Mizou. Chaque élève devait poser des questions à propos du voyage à effectuer dans une ville sur la côte est ou ouest des États-Unis. Ils avaient tous choisi leur ville en amont dans le but de faire des recherches. Afin de pratiquer les structures utilisées, il fallait exprimer ses vœux, demander le prix, les moyens de transports, les choses à visiter.... En même temps, ils ont relevé des informations et expressions utiles pour enrichir leurs saynètes.

En première LLCE, c’était une tâche intermédiaire dans une séquence sur l’ère victorienne et "The Importance of Being Earnest" d’Oscar Wilde. Les élèves ont discuté avec “Emily Brontë” pour poser des questions sur sa vie, son travail et celui de ses sœurs ainsi que des questions en rapport avec l’ère victorienne. A la fin, les élèves devaient mettre toutes les données obtenues en commun de manière orale.

Quelle a été la réaction des élèves ?

Les élèves ont tous été satisfaits de leur dialogue. Les élèves en seconde euro trouvaient que les suggestions de visites étaient très utiles pour compléter leurs propres recherches. De plus, ils ont pu relever des expressions utiles. En première LLCE, les élèves ont apprécié ce travail qu’ils ont qualifié de : “original, amusant, réaliste”, une manière “sympathique” de faire des recherches. Les réponses étaient, selon eux, rapides et de bonne qualité.

Que pensez-vous de cet outil ?

Mizou propose une version gratuite pour les professeurs qui permet que 50 élèves par jour se connectent. Il n’a y a pas toutes les fonctionnalités mais cela permet de créer des exercices ludiques.

Le professeur peut générer une image qui correspond à la “personne” avec qui les élèves vont dialoguer. Il est possible d’écouter ce que le chatbot dit/ écrit. Le professeur indique la thématique, le rôle du chatbot, les attentes. On invite les élèves dans cet espace sécurisé via un lien. Même si nos chatbots peuvent rester “privés”, il est sans doute judicieux de demander aux élèves de créer des pseudonymes dont vous avez connaissance.

Quelle est votre bilan de cette expérimentation ?

Les plus : Le chatbot est un outil original, motivant et dynamique qui plaît aux élèves. Ils ont presque l’impression de parler avec une vraie personne. Beaucoup d’élèves ont bien aimé obtenir des informations de cette manière sans juste les chercher sur un site. Cela a permis de diversifier les supports de manière ludique et utile. C’est un outil qui aide les élèves à développer leur fluence de lecture/ d’écoute et d’écriture. Le chatbot ne corrige pas les phrases des élèves, mais ces derniers doivent formuler des phrases claires pour être compris. Pour l’enseignant, l’accès aux conversations après la séance permet de voir la qualité des échanges par l’ensemble des élèves. En ce qui concerne ces expérimentations, les dialogues n’étaient pas notés. Cependant, en seconde euro les échanges ont contribué à améliorer les saynètes évaluées en tâche finale. Mizou suggère une note pour chacun des dialogues, mais cela ne correspond pas forcément aux critères en tant qu’enseignant.

Si c’était à refaire, je limiterais un peu plus la longueur des réponses du chatbot qui par défaut sont assez longues. Il ne faut pas que l’activité dure trop longtemps. Cela peut donner l’impression de tourner en rond si l’élève n’a pas une question précise pour faire avancer la conversation. Pour le travail sur Emily Brontë, une vérification des notes des élèves en les comparant à une biographie de source sûre aurait pu être intéressante afin de développer l’esprit critique.

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