Cette contribution est proposée par Madame Pingeon, enseignante au collège Nicolas Jacques Conté de Sées.
La production
L’objectif ici était de faire réaliser une courte émission de radio (environ 2 minutes) par les élèves, émission qui devait s’approcher autant que possible dans la forme d’une véritable émission de radio, et donc inclure des jingles, de fausses plages de publicité et des changements d’interlocuteurs.
L’émission proprement dite, intitulée « Back in Time » portait sur des évènements de l’histoire de la Grande-Bretagne choisis par les élèves, comme le grand incendie de Londres (cf. la vidéo ci-dessous) ou la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant.
Sur le modèle d’émissions de radio, ou de vidéos à propos de l’histoire que l’on peut trouver sur Youtube, les élèves, par groupes de 2 ou 3, se partageaient les rôles et étaient amenés à présenter l’émission, introduire brièvement l’évènement, interagir entre eux, assurer les transitions entre différentes phases de l’émission, raconter l’évènement en jouant de courtes saynètes (qui incluaient des bruitages) pour le faire revivre, ou encore à imaginer et jouer de fausses publicités.
Mme Pingeon a publié d’autres exemples sur sa chaîne Pod :
https://pod.ac-normandie.fr/search/?q=pingeon
Les grandes étapes du projet
Les élèves ont tout d’abord travaillé sur différentes émissions de radio et publicités pour en repérer les caractéristiques sur le fond (les sujets abordés, le traitement réalisé) mais aussi sur la forme : quelles sont les étapes d’une émission, qui parle, quand et comment, ou encore la manière dont s’opèrent les transitions et dont on peut intégrer des bruitages.
Un point en particulier a émergé qui concernait la forme particulière d’une émission radio qui, si elle se déroule à l’oral, est avant tout écrite à l’avance sous forme de script. L’un des enjeux dans cette première phase était donc de faire prendre conscience de la nécessité de dépasser l’écrit pour aboutir à un échange oral qui paraisse naturel à l’auditeur par le "jeu d’acteur" lors de la mise en voix et par le recours à divers artifices comme la relance ou des dialogues écrits à l’avance.
Une fois le travail d’analyse de la forme terminé, chaque groupe composé de 2 ou 3 élèves, a ensuite rédigé le script pour une publicité qui devait répondre aux « codes » du genre tels qu’ils avaient été identifiés dans l’étape précédente. Ce n’est qu’ensuite que les élèves ont enregistré cette publicité en mettant en voix le texte qu’il avait écrit ; ici, et on l’entend dans la vidéo, les élèves ont veillé à dépasser la simple lecture pour jouer le texte en variant l’intonation et l’accentuation.
Ils ont en outre pu découvrir et faire l’expérience de la contrainte du temps, car si une émission (ou une publicité) est écrite, elle est aussi minutée, même si cette contrainte du temps ne pèse pas autant que dans une activité de doublage.
La troisième étape a porté sur la réalisation proprement dite de l’émission, qui devait se faire en une prise (contrairement à la publicité, elle, enregistrée à l’avance puis intégrée au cours de l’enregistrement de l’émission).
Les élèves ont d’abord choisi un fait historique sur lequel ils ont effectué des recherches pour se documenter, puis se sont attelés à la rédaction de l’émission, en écrivant le script, en le minutant puis en l’annotant, pour par exemple indiquer les jingles ou bruitages à intégrer (ils disposaient d’une banque de sons dans laquelle ils pouvaient puiser), la prononciation de certains mots, les pauses, les mots sur lesquels mettre l’emphase, ...
Enfin, ils se sont enregistrés en utilisant le matériel à disposition au collège, des tablettes avec des micro/casques et une table de mixage.
Le bilan
Mme Pingeon tire un bilan positif de ce projet, puisque l’un de ses objectifs, développer la compétence culturelle des élève, a été atteint. Elle a été satisfaite de la façon dont ils se sont appropriés les éléments tirés de leurs recherches autour d’une figure ou d’un évènement historique. La situation de communication, une émission radio qui vise à intéresser les auditeurs, leur a permis de faire preuve d’une certaine créativité dans la forme et ils ont dépassé la simple restitution d’informations. Les élèves se sont bien emparés de ces dernières pour bâtir un récit qui a donné vie à des personnages historiques, qu’ils ont incarnés, ou a fait revivre un évènement au travers de témoins de l’époque (qui sont interviewés) ou encore de reporters qui l’ont commenté en direct (par exemple la bataille d’Hastings).
Elle a également observé un investissement accru de la part des élèves, en témoigne le fait que les groupes ont pu parfois ré-enregistrer plusieurs fois leur émission jusqu’à ce qu’ils obtiennent un résultat qui les satisfasse. Le projet faisait bien sens à leur yeux et ils ont perçu que leur travail était valorisé par la diffusion qui s’ensuivait.
L’enseignante a aussi noté que les élèves se sont montrés en confiance et n’ont pas cherché à apprendre "par cœur" leur rôle (ce qu’on peut observer parfois lorsque précisément ils ne le sont pas), peut-être parce que seule leur voix était enregistrée.
Quant à la langue, les bénéfices ont été particulièrement manifestes en ce qui concerne la phonologie. Les élèves y ont été très attentifs dans toutes ses dimensions (prononciation, accentuation, intonation) tant ils étaient attaché à obtenir un résultat convaincant, qui corresponde autant que possible au modèle d’une véritable émission.
Enfin, la nature de l’activité impliquait une démarche qui privilégie l’autonomie des élèves, que Mme Pingeon a accompagnés et dont elle a orchestré le travail tout en s’effaçant.
On ajoutera que les élèves n’ont pas seulement développé leurs compétences en langue mais ont aussi pu le faire en matière de numérique en travaillant sur les compétences suivantes :
- Mener une recherche et une veille d’information
- Gérer des données
- Partager et publier
- Développer des documents multimédia
Perspectives
L’enseignante envisage plusieurs pistes pour prolonger le projet. En premier lieu, elle prévoit d’organiser la réalisation d’une émission radio qui soit plus régulière et filée sur l’année, par exemple une fois par mois.
Une alternative selon elle, serait de faire publier les émissions par les élèves sur l’ENT, directement dans un blog qui pourrait être partagé par la classe avec l’extérieur, d’autant que l’outil permet une supervision pour l’enseignant.
Pour aller plus loin
Le site de la DRANE de Normandie propose un article destiné à accompagner les enseignants dans leurs premiers pas avec la webradio :
https://numeriques.ac-normandie.fr/?L-essentiel-pour-debuter-un-projet-de-Webradio
Outre des conseils pour lancer un tel projet, vous y trouverez des exemples d’utilisations dans d’autres disciplines.